Séfar, la cité mystérieuse des Djinns

 Séfar (en arabe : سيفار) est une ancienne cité perdue au cœur du massif montagneux du Tassili n'Ajjer, à plus de 2 400 km au sud d'Alger, à 20 km de Djanet et tout près de la frontière libyenne dans le désert du Sahara. Séfar est la plus grande ville troglodyte du monde, avec plusieurs milliers d'habitations. Séfar est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1922.

Le site regorge de peintures rupestres, dont certaines dateraient de plus de 10 000 ans. Elles représentent pour la plupart des animaux et des scènes de chasse ou de la vie quotidienne, qui permettent de suivre et reconstituer changements climatiques, les migrations de la faune et l’évolution de la vie humaine aux confins du Sahara sur une période allant d’environ 6000 av. J.-C. jusqu’aux premiers siècles de notre ère.

Selon l'UNESCO, le site abrite l’un des plus importants ensembles d’art rupestre préhistorique du monde. Plus de 15 000 dessins et gravures permettent d’y suivre, depuis environ 6000 av. J.-C. jusqu’aux premiers siècles de notre ère, les changements du climat, les migrations de la faune et l’évolution de la vie humaine aux confins du Sahara. Les dessins montrent des espèces aquatiques, telles que l'hippopotame, et d'autres espèces éteintes dans la région depuis plusieurs milliers d'années.

L'une des plus connues peintures rupestres de Séfar est celle nommée " le Grand Dieu" où se dresse une figure étrange, haute de 1,55 m et formant le centre d’une vaste scène qui s’étend sur 20 m2. La forme de la tête et les excroissances sur les bras restent inexpliquées. L’explorateur français Henri Lhote l’avait d’abord nommé « l’abominable homme des sables »

La fresque du "Grand Dieu" à Séfar. Elle s'étale sur toute la surface d'un abri sur 16 m de long et environ 30 m2. La paroi est tournée vers une esplanade où se déroulaient les cérémonies immortalisées par la fresque. Les principaux acteurs de la scène sont facilement identifiables : au centre le "Grand Dieu" qui avec ses 3 m de haut est particulièrement impressionnant avec une grande poche entre les deux jambes représentant un pagne ou une protection phallique ou bien encore un sexe démesuré et une tête pourvue de cornes, une antilope gravide rouge et une femme en position horizontale avec un ventre proéminent, des antilopes blanches qui défilent de gauche à droite.

Un motif est apposé au corps du "Grand Dieu", une expression symbolique caractéristique des peintures de cette période, un motif ressemblant à une sorte de méduse, qui ne correspond à rien de connu et s'inscrit dans les grandes compositions comme un sceau. Cette fresque exprime de toute évidence l'idée de la fécondité et son mystère, la vie et la fertilité. Il y a sur cette paroi le récit d'un des plus anciens mythes du monde.

Séfar fait partie du Parc culturel du Tassili. Interdite aux voyageurs et aux touristes depuis plusieurs années, en raison de la fragilité des peintures rupestres, la cité troglodyte de Séfar, plus grand musée d’art préhistorique à ciel ouvert au monde, est de nouveau ouverte aux visiteurs depuis novembre 2021. Le seul moyen d'y accéder est de passer le col qui mène au plateau du Tassili n'Ajjer est d’emprunter un chemin escarpé à pied, ce qui préserve le site d'une trop grande fréquentation touristique.